Spectacle en cours de création, cette adaptation du texte de Fred Vargas verra le jour pendant la saison 2026-27.

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Film The Hours, inspiré par Mrs Dalloway de Virginia Woolf

Note d’intention

C’est un monologue sur la perte de l’être aimé qui fait rire aux larmes.

Qui n’a pas été foudroyé par la douleur de l’absence ? Lorsque la peine amoureuse est là, la souffrance paraît insurmontable et la vie vide de sens. L’estime de soi disparaît. L’envie de se nourrir disparaît. L’insomnie apparaît. À quoi s’agripper dans ce naufrage ?

Fred Vargas écrit à la première personne, elle est le personnage principal. Une autrice qui n’a plus de nouvelles de “l’homme de sa vie” depuis 42 jours.

Pour ne pas se noyer, sortir des interrogations fondamentales qui découlent de son désespoir, stopper sa fixation égocentrée et tromper l’attente insupportable, elle décide de rédiger Petit traité de toutes vérités sur l’existence.

Pour autant, ce ne sont pas du tout les motivations qu’elle annonce en ouverture.

Ce qu’elle affiche c’est un acte d’altruisme : partager ses connaissances pour en finir avec les souffrances de l’humanité toute entière. Elle ambitionne de livrer au monde le Sens de la Vie, rien que ça. Et en huit jours. Aux grands maux, les grands remèdes.

Le personnage, drapé d’une énergie mégalomane, nous explique avec méthode les principes et concepts qu’elle estime essentiels : de la Guerre au Néant en passant par la Religion et les indispensables vers de terre.

Sa pensée est excessive, drôle, digressive à outrance mais loin d’être dénuée de justesse, et nous mène fermement en cercles concentriques au cœur de son propos : l’Amour.

Au fil des pages, alors qu’elle se défend de vouloir nous ennuyer avec ses “soucis de famille”, elle nous les dévoile malgré elle.

Malgré elle ? Croire qu’elle est dupe du décalage entre les certitudes qu’elle assène et les angoisses qui l’assaillent est un jeu auquel elle nous invite sincèrement. C’est ce jeu qui a éveillé mon envie de monter ce texte.

Jouer avec nous est une forme de guérison, et créer — ce qu’elle fait sous nos yeux — est une manière de sublimer le processus : cette vision de la création me touche particulièrement.

L’intrication, pleine d’autodérision, de réflexions à visée universelle et d’anecdotes personnelles nous permet de nous interroger, avec légèreté, humour et sincérité sur nos contradictions, la complexité de notre rapport au monde, aux autres, nos liens intimes et familiaux.

Céline Pérot

Extrait

Que durant 30 000 ans on ait cherché la Vérité en vain, soit, je veux bien l’admettre. Mais il arrive un jour où trop, c’est trop, et où je dis « Halte-là ! »

Cette vérité sur l’existence humaine, il n’est que trop temps de l’extraire de sa gangue. De là, on filera en droite ligne vers la métaphysique, j’ai nommé le Sens de la Vie, sur la définition duquel on piétine depuis trop longtemps. Socrate déjà, et on voit que je ne parle pas du premier imbécile venu comme vous et moi, Socrate, accablé de questions sans réponses (car l’homme est très fortiche pour se poser des questions mais dès qu’il s’agit d’y répondre, il n’y a plus personne), Socrate déjà n’en pouvait plus. Et on sait comment ça a fini. Ça a mal fini. C’est dire que ça ne remonte pas à hier.

Nietzsche a bien essayé, en une louable tentative, de tout défaire pour tout refaire et de suggérer vivement, par la réinvention de la Vie par l’Art, que l’homme se fabrique de ses propres mains son kit personnel du Sens de la Vie aux fins de trouver le bonheur, mais je dis « Halte-là ! »

L’ésotérisme artistique n’est pas à la portée du premier venu. Je n’en veux pour exemple que les tableaux de ma sœur jumelle, qui possèdent un génie propre qui n’est pas sans me faire pâlir d’envie, et qui ne livrent pourtant pas directement le sens de la vie, ce serait trop beau. Je ne crois pas trop m’avancer en ajoutant qu’ils ne le lui livrent pas non plus. Je le saurais, car ma sœur me dit tout. En outre, la proposition nietzschéenne, que tout le monde n’est pas certain d’avoir bien comprise, concerne uniquement les surhommes qui seront capables de se démerder avec leur kit. Or telle n’est pas ma visée dans ce recueil à portée universelle.

Sans donc dénier à Nietzsche le fait qu’il produisit un gros effort pour tenter de s’en sortir, je dis cessons là ces lectures et penchons-nous sur ce petit traité, petit par son volume, mais grand par son contenu. Grand parce que charpenté, simple, total et universel.

Fred Vargas

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Dans le cadre du Festival Coup de Chapeau

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